Analyse des modes et techniques d’utilisation des résidus des huileries de palme et leur application pour la production de trois legumes traditionnels (Lycopersicon esculentum, Amaranthus cruentus, Corchorus olitorius) dans le Sud Bénin

Thèse de Doctorat: 

KOURA Windékpè Tatiana (2015). Analyse des modes et techniques d’utilisation des résidus des huileries de palme et leur application pour la production de trois legumes traditionnels  (Lycopersicon esculentum, Amaranthus cruentus, Corchorus olitorius) dans le Sud Bénin. Aménagement et Gestion des Ressources Naturelles/ Faculté des Sciences Agronomiques/ Université d’Abomey Calavi, République du Bénin, 252p.

Directeur de these: Prof. Dr. Ir. SINSIN A. Brice.

 

Résumé: Du fait de la redynamisation de la filière palmier à huile dans le Sud-Bénin, certaines huileries sont confrontées à des problèmes de gestion de leurs déchets. Pourtant, différentes utilisations de des déchets d’huilerie existent. Pour apprécier la gestion faite de ces déchets, les systèmes de production des déchets ont été d’une part déterminés par une classification numérique en tenant compte des facteurs de production d’huile de palme et des quantités de déchets produits, et d’autre part caractérisés à partir d’une analyse en composante principale. Une enquête semi structurée a été effectuée auprès de 335 huileries. Les méthodes traditionnelles (T), améliorées (A), modernes (M) et mini industrialisées (MI) ont été les quatre méthodes d’extraction (ME) identifiées. La quantité de déchets générée par chaque huilerie a été déterminée en évaluant celle générée par 7 huileries T, 4 huileries A, 4 huileries M et 9 huileries MI, choisies de façon aléatoire. Petites avec, moyennes, grandes et très grandes ont été les quatre classes de systèmes de production de déchets identifiées. Ces quatre classes de systèmes ont produit en moyenne par an respectivement concernant -i- des pédoncules et rafles 12,4 ± 22 t, 31,3 ± 52,8 t, 132,7 ± 59,1 t et, 800,7 ± 418,1 t, -ii- des Fibres 5,6 ± 10,3 t, 13,6 ± 23,1 t, 135,2 ± 95,2 t et 637 ± 312,6 t, et -iii- des boues 15,1 ± 23,7 t, 40,9 ±28,0 t, 233,4 ±172,1 t et 572,6 ± 90,3 t. Les quatre classes de systèmes de production de déchets se discriminaient par la nature et la superficie des plantations, la capacité financière des propriétaires des huileries à engager des manœuvres et les quantités de déchets produits. L’utilisation de toutes les quantités de déchets sous forme de pédoncules, de rafles et de fibres produits ne dépendaient pas des quantités produites. Ainsi, la relation existant entre l’amélioration de la méthode d’extraction (ME) et la gestion faite de ces déchets a été analysée. L’effet de la ME, du type de déchet et de leur interaction sur les indices calculés comme l’importance d’un usage, la valeur d’usage, le pourcentage d’utilisateurs, la valeur commerciale, le taux de rejet ont été évalués à l’aide de l’analyse log linéaire. Les degrés de fidélité des usages ont été calculés. Les résultats ont montré que quelle que soit la ME, le degré de fidélité des usages ne variait pas de façon significative (p>0,05). Quelle que soit la ME, le surplus de déchets était éliminé soit par le rejet dans la nature ou par la vente. Ces options s’accentuent lorsque la ME s’améliore. Ensuite, les indices ethnobotaniques ont été utilisés pour appréhender l’importance et la valeur d’usage des déchets d’huileries de palme selon les zones de production de palmier à huile. L’analyse factorielle a été utilisée pour montrer le lien entre les zones de production du palmier à huile et les usages faits de ces déchets. Les résultats ont montré que les producteurs n’accordaient aucune importance à la boue. Les huileries où toute la quantité de pédoncules et de rafles produites était utilisée ont été celles pour qui ces déchets étaient importants et qui les utilisaient pour un seul usage. Les départements du Plateau, du Couffo et du Mono ont été les zones où les déchets d’huilerie contribuaient plus à la pollution environnementale. Afin de trouver des solutions durables immédiates aux huileries confrontées à ces problèmes de gestion de déchets, l’étude propose le co-compostage de ces déchets et l’utilisation du compost ainsi obtenu dans la production de légumes. L’analyse de la durabilité des pratiques agricoles des producteurs en relation avec leur connaissance a révélé que l’utilisation des rafles, des pédoncules et des fibres dépend de la connaissance des producteurs. Ces déchets ont été répandus directement par application locale (76,5%) ou par mulching (33,3%) dans les plantations ou indirectement après leur compostage. Le compostage se faisait soit en tas, soit associé à l’élevage porcin ou soit en fosse. Le compostage était inconnu de 67,5% des producteurs et la différence entre ceux qui le connaissaient et le pratiquaient et ceux qui ne le pratiquaient pas tout en connaissant cette option a résidé dans les connaissances de ces derniers sur les avantages du compostage. La composition physico chimique de ces déchets a été évaluée à l’aide d’un chromatographe ionique et a révélé que ces déchets étaient relativement riches en éléments nutritifs pour la plante sauf en phosphore. Le co-compostage des rafles, des pédoncules et des fibres a été expérimenté dans 18 bacs installés dans un dispositif de split plot non répété avec le mode de compostage [Sous abris (SA) et à l’air libre (AL)] comme facteur principal et le type de ferment [sans ferment (SF), fientes de volaille (FV) et déjections bovines (DB)] comme facteur secondaire. Les résultats ont montré que la décomposition de ces déchets et la qualité des composts obtenus variait significativement (p<0.05) selon le mode de compostage et le type de ferment utilisés. Le plus faible rapport Carbon/Azote (C/N)  de 18,38 a été obtenu au niveau des composts où les FV ont été utilisées et le compostage réalisé SA. L’utilisation des FV a améliorée la qualité des composts en phosphore. Toutefois, l’analyse des lixiviats a révélé une forte perte en azote totale (88,3 ± 12,6 à 146,2 ± 16,4 mg/L), potassium (37,2 ± 0,8 à 53,3 ± 1,2 mg/L) et phosphore (107,9 ± 23,7 à 187,4 ± 65,8 mg/L). Les fortes teneurs en chlorure (1301,3 ± 195,8 à 1656,7±147,8 mg/L) et la demande biologique en oxygène (3.499,0 ± 425,8 à 6.370,7 ± 1.031,7 mg/L) ont montré la nécessité d’éviter de réaliser le compostage en tas directement sur le sol. L’efficacité agronomique des composts ainsi obtenus dans la production de tomate (Lycopersicon esculentum), de la corète potagère (Corchorus olitorius) et de légume feuille amarante (Amaranthus hybridus) a été évaluée à travers un dispositif en split-split plot avec le mode de compostage comme facteur principal et les types de ferment et doses d’application des composts (0 t/ha, 5 t/ha, 10 t/ha et 20 t/ha) comme facteurs secondaires, soit 24 traitements et 4 répétitions par légume. Le compost à base des FV réalisé SA aaugmenté la croissance et le rendement (19,2t/ha) de l’amarante comparé aux autres types de composts. Par contre, dans le cas de la corète potagère, les composts à base de ces déchets et des DB réalisés AL étaient plus recommandés. L’application des composts a accru le rendement de la corète potagère et de la tomate  à partir de 10 t/ha.

Mots clés: déchets des huileries de palme, gestion des déchets, méthode d’extraction, type de ferment, mode de compostage, production de légumes


Ecologie des communautés végétales de la Réserve de Biosphère de la Pendjari (Afrique de l’Ouest)

Thèse de Doctorat:

Eméline P.S. ASSEDE (2014). Ecologie des communautés végétales de la Réserve de Biosphère de la Pendjari (Afrique de l’Ouest). Université d’Abomey-Calavi, Bénin. 364 p

Directeur de thèse : Prof Brice Sinsin.

Résumé: Cette étude a fourni des informations sur l’écologie la composition et la structure des communautés végétales de la Réserve de Biosphère de la Pendjari (RBP). Un aperçu de la flore de la RBP a montré une richesse floristique de 802 espèces végétales réparties dans 428 genres et 102 familles. Cette flore est typique de celle des savanes soudaniennes. La présence de trois espèces de plantes endémiques au Bénin et à la chaîne de l’Atakora (Ipomoea beninensisAkoègninou, Lisowski and Sinsin, Thunbergia atacorensis Akoègninou and Lisowski and Cissus kouandeensisA.Chev. démontre de l’importance de cette réserve pour la conservation des plantes.

Deux groupes floristiques majeurs corrélés avec le gradient d’humidité du sol ont été identifiés lors de la différenciation des communautés végétales : le groupement constitué par les relevés des terres sèches et celui des relévés de zones humides. Une différence claire apparait entre les communautés végétales des zones humides alors qu’il y une grande similitude entre certaines communautés végétales de terre ferme. Le sol est l’un des facteurs déterminants de la répartition des associations végétales et l’humidité du sol est l’un des principaux paramètres écologiques déterminant l’établissement des espèces de plante et le développement des associations végétales. L’analyse du potentiel de régénération des différents types de végétation identifiés dans la RBP reflète la structure globale de la strate arborée avec une nette dominance des Fabaceae. Le feu comme principal outil de gestion de la RBP et la viabilité des graines expliquent la prédominance de ces Fabaceae (28,8%) dans la régénération. Cependant, la topographie est ressortie comme un élément clé dans l’établissement des plantes. Une analyse comparative de la structure des peuplements de Pseudocedrela kotschyi et de Terminalia macroptera montre que les jeunes individus de T. macroptera étaient prédominants quel que soit le type de peuplement. La densité des arbres est faible et la distances de plus proches voisins variant entre 5,67 m (pur) et 7,01 m peuplement mixte. Les jeunes individus de P. kotschyi étaient également prédominants quel que soit le type de peuplement; mais les distributions de classes de tailles de diamètres étaient significativement différentes entre les types de peuplements. La densité des tiges de P. kotschyi varie significativement aussi bien entre les peuplements qu’au sein des peuplements (P <0,05). Contrairement aux densités des jeunes plants, les densités d’arbres adultes et juvéniles diffèrent selon le type de peuplement (P <0,05), les peuplements purs ayant les valeurs les plus élevées. De plus, la densité moyenne des individus de P. kotschyi est réduite d’au moins 40% dans chaque classe de diamètre, des peuplements purs aux peuplements mixtes. La densité moyenne des jeunes arbres dans les peuplements mélangés étant d’à peine 13% celle des peuplements purs.

La succession secondaire dans la RBP a montré un modèle floristique clair avec un établissement progressif de la végétation ligneuse. Le premier stade de succession présente la richesse en espèces la plus élevée avec 18,6% de toutes les espèces recensées pour cette étude exclusives à ce stade. Ce stade est caractérisé par la prolifération des espèces à large distribution. Environ 22% des 233 espèces recensées demeurent tout au long du cycle de jachère. Le passage du premier au second stade de jachère est marqué par la disparition de 77% de la richesse totale en espèces. La matière organique et la richesse spécifique sont les variables qui discriminent le mieux les stades de succession secondaire dans le domaine du soudanien. Cette étude de la succession secondaire a montré un modèle floristique clair avec un établissement progressif de la végétation ligneuse. Cela a été suivi par une récupération progressive de la fertilité du sol grâce au processus de recyclage de la matière organique. La colonisation de la strate herbacée par Andropogon gayanus var. bisquamulatus (espèce soudanienne typique) pendant le troisième stade peut être considérée comme un indicateur d’un retour substantiel de la fertilité du sol.

Mots clés : Ecologie, structure végétation, propriétés sol, Réserve Pendjari, Benin.


Ecologie des populations de lions d’Afrique de l’Ouest (Panthera leo Linnaeus 1758) et conflits hommes-lion dans al Réserve de Bisophère de la Pendjari, nord Bénin.

Thèse de Doctorat:

Etotépé A. SOGBOHOSSOU (2011). Ecologie des populations de lions d’Afrique de l’Ouest (Panthera leo Linnaeus 1758) et conflits hommes-lion dans al Réserve de Bisophère de la Pendjari, nord Bénin. Université de Leiden, Pays-Bas. 158 pages.

Promoteurs: Geert R. de SNOO & Brice SINSIN

Co-Promoteur: Hans H. de IONGH.

 

Résumé: Les lions de l’Afrique de l’Ouest Ecologie des populations de lion (Panthera leo Linnaeus 1758) et conflits hommes-lion dans la Réserve de Biosphère de la Pendjari au nord-Bénin.

La biodiversité disparait à un rythme alarmant ces dernières décennies. Plusieurs espèces, parmi lesquelles les carnivores, deviennent de plus en plus menacées. Le lion, l’un des mammifères terrestres les plus largement distribués dans le monde autrefois, est aujourd’hui réduit à l’écosystème du Gir en Inde et à des populations plus ou moins fragmentées en Afrique sub-saharienne. L’espèce est considérée comme Vulnérable d’après la Liste Rouge de l’UICN. Les populations étant de petite taille et très fragmentées en Afrique de l’Ouest, l’espèce y est classée comme ‘Régionalement En Danger d’extinction’. Le lion africain a fait l’objet de diverses études. Mais les menaces, l’écologie et le comportement du lion dans le contexte ouest-africain, dont la connaissance est nécessaire pour la conservation de l’espèce dans la sous-région, ont fait l’objet de peu d’études. Dans le but de combler ces lacunes relatives à la conservation du lion en Afrique de l’Ouest, la présente recherche vise à étudier l’écologie des populations de lions et les conflits hommes-lion dans une aire protégée ouest-africaine : la Réserve de Biosphère de la Pendjari au Bénin. Les objectifs spécifiques sont de: (i) déterminer les caractéristiques des conflits hommes-prédateurs dans la Réserve de Biosphère de la Pendjari au Bénin , (ii) examiner la perception qu’ont les populations locales de ces conflits, (iii) étudier l’abondance et la structure sociale des populations de lions dans la Pendjari ; (iv) étudier les relations lions-proies et enfin (v) déterminer la taille des territoires et les habitats utilisés par les lions dans la réserve.

La Réserve de Biosphère de la Pendjari est l’une des aires protégées les mieux conservées dans la région. Elle fait partie de l’un des deux ensembles d’aires protégées les plus prometteurs pour l’avenir du lion en Afrique Occidentale d’après la Stratégie de Conservation du lion en Afrique Occidentale et Centrale. Elle couvre un peu moins de 5000 km² et se compose du parc national de la Pendjari ainsi que des zones cynégétiques de la Pendjari et de Konkombri.

Les populations humaines vivant autour de la Réserve connaissent des problèmes avec les prédateurs sauvages, principalement à travers l’élevage qui est la deuxième activité dans la région après l’agriculture. L’hyène est la première espèce de prédateur concernée, étant responsable de 53,6% des attaques de bétail dans la zone. Viennent ensuite le babouin (responsable de 24,8 % des attaques) puis le lion (responsable de 18% des attaques). La majorité des attaques se produisent durant la saison des pluies, quand les proies sauvages sont distribuées aléatoirement et régulièrement dans l’aire protégée et ainsi un peu plus difficiles à chasser. Le niveau de déprédation est néanmoins faible comparé à ce qui est observé dans beaucoup d’autres régions du continent africain. Malgré cela, les pertes sont d’une importance significative pour les populations qui vivent pour la plupart en dessous du seuil de pauvreté. Heureusement, en dépit des pertes et de la crainte pour les espèces de carnivores, les populations semblent tolérer les conflits. De façon générale, la perception qu’ont les populations des carnivores et des conflits est déterminée par l’ethnie d’appartenance, les expériences antérieures avec les carnivores, les bénéfices individuels tirés du parc, l’âge de l’enquêté. Les Berbas, de l’ethnie dominante dans la région, apparaissent comme le groupe ayant les perceptions les plus négatives tandis que les Waama ont tendance à être plus tolérants. L’abattage de revanche des lions, qui aurait été très nuisible à la population des lions et autres prédateurs, n’a pas été observé dans la zone. Ceci est probablement en partie dû à l’importance socioculturelle des grands carnivores. L’ampleur relativement faible des conflits hommes-lion autour de la Réserve de Biosphère de la Pendjari est confirmée par l’absence de bétail dans le régime alimentaire du lion à travers l’analyse des crottes et les observations.

Dans la Réserve de Biosphère de la Pendjari, le buffle est l’espèce la plus consommée par les lions. Il représente 50% de la biomasse consommée. Toutefois, comme dans les autres régions d’Afrique Centrale et Occidentale et contrairement à l’Afrique Australe et Orientale, le régime alimentaire du lion dans la Pendjari est, en terme d’effectifs consommés, dominé par les proies de taille moyenne. Elles composent 61,7% du régime contre 38,2 % pour les proies de grande taille. Néanmoins, les lions marquent une préférence pour les proies plus grandes telles que le waterbuck et le bubale tandis que les petites proies telles que l’ourébi et les céphalophes sont évitées. Le buffle est prélevé conformément à son abondance dans la réserve. La prédominance des petites proies dans le régime alimentaire n’est pas donc pas due à une préférence de ces espèces ou à la petite taille des groupes de lions dans la région mais plutôt à la relative abondance de ces petites proies dans le milieu.

La densité moyenne des lions dans la Réserve de la Pendjari est de 1,6 lions/100 km² avec une densité beaucoup plus élevée dans le parc (2 lions/100km²) comparativement aux zones cynégétiques (1,3 lions/100 km²). Contrairement à la majorité des populations de lions en Afrique Centrale et Occidentale, les lions connaissent une augmentation de leur population dans la Réserve de Biosphère de la Pendjari ces dernières années. La taille moyenne des groupes de lions est de 2,6 lions. Elle est significativement plus élevée dans le parc que dans les zones cynégétiques. La faible taille des groupes est en accord avec la relative faible densité de proies et de lions dans la zone. La proportion des males dans la population est beaucoup plus élevée que ce qui est communément observé avec un sexe ratio chez les adultes de 1 male pour 1,04 femelle. Bien que ce biais soit en partie imputable à la méthode d’étude utilisée, il révèle un dysfonctionnement au niveau de la population. La population de lions de la Pendjari est particulièrement vulnérable à la chasse sportive faite aussi bien dans les zones cynégétiques du Bénin que dans celles du Burkina Faso. La population du parc, population source, sert à combler le vide créé par la chasse dans les zones. La taille des territoires des lions de la Pendjari, s’inscrit dans le même ordre de grandeur que dans d’autres aires d’Afrique. Elle est en moyenne de 200 ± 141 km² (Méthode du Minimum Convex Polygon). Les galeries forestières, les savanes arborées et forêts claires constituent des habitats privilégiés des lions en saison sèche. Les résultats préliminaires indiquent qu’en saison des pluies, les habitats entourant les points d’eau, les savanes herbeuses et marécages sont évités au profit des végétations saxicoles et des forêts claires et denses sèches. L’étude de la structure sociale et de l’utilisation de l’habitat par les lions révèle l’importance de la gestion concertée des aires protégées de la sous-région et principalement du Bénin et du Burkina Faso pour la conservation du lion et de la faune en général.

En résumé, il ressort de cette étude que malgré les particularités environnementales, quand la protection est effective, les lions se comportent de la même façon en Afrique de l’Ouest que dans les autres parties du continent. Les lions de la Réserve de Biosphère de la Pendjari, malgré l’augmentation constante de leur population, restent menacés par les prélèvements légaux et illégaux ainsi que les pressions sur l’habitat provenant essentiellement des aires contigües du Bénin et du Burkina Faso. Pour sauver l’espèce, il faudra faire des efforts pour protéger non seulement les aires protégées concernées mais aussi leurs alentours. Aussi l’aménagement concerté des aires transnationales est-elle une nécessité. Des facteurs tels que les impacts de la chasse sportive et les relations entre les différentes espèces de prédateurs restent à explorer pour améliorer le statut de conservation des lions et autres prédateurs en Afrique de l’Ouest.

Mots clé lion Panthera leo; conflits hommes-faune; structure sociale; régime alimentaire; utilisation de l’habitat; Afrique de l’Ouest


Silicification des Graminées Tropicales: Variations interspécifiques, Influence des conditions de croissance, et relations avec la structure foliaire.

Thèse de Doctorat: 

Valentin Kindomihou (2005). Silicification des Graminées Tropicales: Variations interspécifiques, Influence des conditions de croissance, et relations avec la structure foliaire. Defendue le 12 Septembre 2005 au Laboratoire d’Ecologie Végétale et Biogéochimie, Jardin Massart, Chaussée de Wavre 1850, 1160 Bruxelles, Belgique. Ecole Interfacultaire des Bioingénieurs, Université Libre de Bruxelles, Belgique. 193 pages.

Promoteurs: Prof Pierre Meerts & Prof Brice Sinsin.

 

Résumé : Cette thèse examine la variation de l’accumulation de la silice chez les graminées tropicales dans une perspective écologique et évolutive. La revue des travaux examinant l’étendue de la variation de la teneur en silice dans les graminées identifie trois groupes de facteurs influençant la silicification des graminées, notamment les facteurs génétiques (différence dans la capacité d’absorption racinaire, d’anatomie et de traits écophysiologiques foliaires), des facteurs endogènes (phénologie, organes végétaux) et les conditions de croissance. L’approche expérimentale a été orientée sur l’influence de certaines conditions de croissance sur la teneur en silice (défoliation, humidité, fertilité du substrat). Les résultats confirment l’influence de la défoliation et de la fertilité du substrat sur l’accumulation de la silice, mais soulignent bien la complexité de l’action de ces facteurs qui se traduit notamment par des différences de réponse entre espèces. Ces résultats suggèrent que les contradictions entre travaux publiés en ce qui concerne le caractère inductible ou non de l’accumulation de la silice sont dues pour partie à des interactions espèces*défoliation, et à une grande sensibilité des résultats aux conditions d’application de la défoliation.  Les variations de la teneur en silice (intrinsèques et induites par les conditions de croissance) mises en relation avec les variations de traits structuraux et fonctionnels (surface foliaire spécifique, teneur en eau, anatomie foliaire, etc.) montrent des corrélations qui ne sont pas entièrement constantes au travers de tous les essais. Elles sont significativement positives avec les cendres solubles dans toutes les conditions de croissances examinées, mais négatives avec le carbone en condition de défoliation. Avec la teneur en eau, elles sont positives en conditions de défoliation, mais changent de signe en conditions de fertilisation phospho-azotée. Cette corrélation négative avec la teneur en eau est consistante à la fois dans les limbes et les gaines en comparaison interspécifique. Cette différence dans la structure des corrélations résulte à la fois des effets d’échantillonnage et l’étendue plus ou moins grande de la gamme des teneurs en silices balayées par les différentes espèces examinées. Pennisetum unisetum est la plus riche en silice et en sclérenchyme et qui pèse de façon disproportionnée dans l’analyse des corrélations.  Les résultats n’apportent pas un soutien très clair à l’hypothèse selon laquelle la silice peut se substituer aux composés carbonés comme matériau de soutien.

 Mots clés : graminée, tropicale, silicification, anatomie, structure, défoliation, fertilisation, humidité.


Diversité, biomasse foliaire des ligneux fourragers et capacité de charge des terres de parcours des zones de transition Guinéo-Congolaise/Soudanienne du Bénin

Thèse de Doctorat: 

Clément SEWADE (2017). Diversité, biomasse foliaire des ligneux fourragers et capacité de charge des terres de parcours des zones de transition Guinéo-Congolaise/Soudanienne du Bénin. Ecole Doctorale des Sciences Agronomiques et de l’Eau. Bénin. 242 pages.

Directeur de thèse : Prof. Dr Ir. Marcel Romuald Benjamin HOUINATO.

RESUME: Les espèces végétales en général et les ligneux fourragers (LF) en particulier sont des essences à usages multiplesqui contribuent de manière significative aux besoins quotidiens des hommes et des animaux. Vu leur rareté dans les terres de parcours, une étude a été conduite dans la zone de transition Guinéo-Congolaise/soudanienne du Bénin auprès des populations riveraines des forêts classées des Monts Kouffé, de Wari-Maro et de l’Ouémé supérieur.Cette étude vise de façon spécifique à (i) évaluer la diversité et la priorité pastorale et de conservation des LF des terres de parcours de la zone Guinéo-Congolaise/soudanienne du Bénin ; (ii) analyser l’influence de l’âge, du sexe et de l’ethnicité sur la perception des valeurs d’usage des LF ; (iii) décrire l’importance et la disponibilité de certaines espèces ligneuses fourragères dans la zone; (iv) élaborer les modèles d’estimation de la biomasse foliaire de trois LF prioritaires des terres de parcours ; (v) contribuer à la compréhension de la dynamique socioculturelle de la zone en rapport avec l’exploitation des LF et les conflits associés. Un échantillon de 220 personnes appartenant à trois groupes ethniques majoritaires (Bariba, Nago et Peul) a été interviewé au moyen d’une enquête semi-structurée. La priorité pastorale est faite au moyen des fréquences de citation et celle pour la conservation est réalisée avec une combinaison de quatre méthodes et neuf critères. Les différentes catégories d’usages ont été définies. La disponibilité qualitative est évaluée par des approches ethnoécologiques alors que celle quantitative est faite parl’étude de la biomasse des LF. La capacité de charge a été déterminée pour la saison sèche dans la zone d’étude.Les résultats montrent que 48 espèces reparties en 17 familles et 37 genres sont utilisées comme fourrage aérien. L’appétibilité, la disponibilité des espèces et leur productivité (au niveau des animaux) sont les critères de choix des LF utilisés par les différents groupes sociolinguistiques. Les préférences des espèces fourragères varient suivant les groupes sociolinguistiques. Afzelia africanaPterocarpus erinaceusKhaya senegalensisVitellaria paradoxa,Mangifera indicaFicus platyphyllaBalanites aegyptiacaAnnona senegalensis, Ficus umbellata et Daniellia oliverisont les dix premiers LF prioritaires identifiés pour la conservation dont la plupart se trouvent prioritaires pour le pastoralisme. Six catégories d’usages ont été notées : aliment, médicine traditionnelle, construction, combustible, médecine vétérinaire et fourrage. Suivant les différentes catégories d’usages, les espèces surexploitées ou sous-utilisées varient selon les groupes sociolinguistiques. Mais globalement, A. Africana, K. senegalensisP. erinaceus etM. indica sont des espèces surexploitées. L’inventaire forestier a permis de répertorier 63 espèces ligneuses de diamètre à hauteur d’homme ≥ 10 cm. Elles sont reparties en 24 familles et 52 genres. Les Leguminosae (28,57 %), sont les familles les plus représentées suivies des Combretaceae (14,28 %). Les Leguminosae sont les familles ayant la plus grande valeur d’importance écologique (FIVI=83,42) alors que Vitellaria paradoxa est l’espèce qui a la plus grande valeur d’importance écologique (SIVI= 42,76) suivie de Isoberlinia doka (41,88), Bridelia ferruginea(22,98), et de Daniellia oliveri (16,18). L’hypothèse d’apparence écologique est vérifiée pour les familles et les types biologiques alors qu’elle ne l’est pas pour les espèces ligneuses fourragères. Les meilleurs modèles qui ont estimé la production de biomasse foliaire de A. africana et P. erinaceus ont été obtenus avec le diamètre à hauteur d’homme qui est un paramètre dendrométrique non affecté directement par les coupes. Pour D. oliveri, le meilleur modèle utilise la hauteur du houppier comme paramètre d’estimation. Globalement, la capacité de charge de chaque espèce est d’environ 0,05 à 0,09 UBT ha-1an-1 pour A. africana ; 0,03 à 0,08 UBT ha-1 an-1 pour P. erinaceus et 0,04 à 0,79 UBT ha-1an-1 pour D. oliveri. Le nombre d’animaux pouvant être nourris de manière durable dans la zone d’étude est de 38 497 UBT pour chaque saison sèche. Des conflits surgissent entre les scieurs et les forestiers, entre les forestiers et les Peuls, entre les agriculteurs et les éleveurs, entre les agriculteurs et les scieurs, entre les forestiers et les agriculteurs. Les stratégies et modes de gestion de ces conflits passent prioritairement par les négociations directes entre les personnes impliquées ou avec l’arbitrage d’une autorité locale. Puisque les espèces prioritaires aussi bien pour le pastoralisme que pour la conservation se sont révélées comme des espèces surexploitées, il est suggéré leur utilisation dans les plans d’aménagement des parcours naturels au cours des activités d’afforestation/reforestation et de reboisement. Tout ceci permettra d’assurer une gestion rationnelle des LF.

Mots clés : Biodiversité, Biomasse aérienne, Disponibilité, Ethnoécologie, ligneux fourragers, Conservation, Bénin.


Dynamique de pauvreté et pratiques agricoles de conservation de l’environnement en milieu rural africain : Le cas du plateau Adja au sud Bénin

Thèse de Doctorat: 

Emile HOUNGBO (2008). Dynamique de pauvreté et pratiques agricoles de conservation de l’environnement en milieu rural africain : Le cas du plateau Adja au sud Bénin. Doctorat unique de l’Université d’Abomey-Calavi.

 

RESUME: L’influence de la pression démographique sur la production agricole et l’environnement demeure controversée. D’un côté, les pessimistes principalement représentés par MALTHUS (1798), pensent que la pression démographique ne peut engendrer que des effets négatifs sur la production agricole et conduire à la famine et l’exode rural. De l’autre côté, les optimistes principalement représentés par BOSERUP (1970) pensent que la pression démographique est un facteur essentiel pour le progrès technique et l’intensification agricole. En effet, bien qu’en général l’évolution démographique et alimentaire en Afrique présente une allure malthusienne, comme c’est le cas de Yatenga au Burkina Faso, du pays Serer au Sénégal et du plateau Adja au Bénin, il a été quand même observé des évolutions de type boserupien, comme c’est le cas du pays Bamiléké au Cameroun et du district de Machakos au Kenya. La question est de savoir s’il est encore possible de présager en Afrique d’une évolution généralisée suivant la thèse plus optimiste de BOSERUP (1970) et à quelles conditions.
C’est pour contribuer à ce débat scientifique que cette thèse développe une position intermédiaire entre la théorie de MALTHUS et celle de BOSERUP. Elle démontre qu’en situation de pression foncière, l’état de bien-être des producteurs est un déterminant du développement des pratiques agricoles améliorantes et de l’amélioration de la productivité agricole. La pression foncière n’induit pas ipso facto le changement technologique et le développement agricole. La pauvreté chronique des producteurs est le principal obstacle à la réalisation de l’effet positif de la pression foncière sur l’agriculture et l’environnement. Le développement agricole et l’amélioration de la qualité de l’environnement suivent la thèse de MALTHUS si le taux de pauvreté chronique au sein des agriculteurs est élevé et suivent la thèse de BOSERUP quand ce taux de pauvreté chronique est faible. La pression foncière ne peut conduire à l’accroissement de la productivité des terres que si le taux de pauvreté chronique au sein des ménages agricoles est faible.
Cette étude a porté sur la zone de forte pression foncière qu’est le plateau Adja au Sud-Ouest du Bénin. L’objectif général est d’analyser la pauvreté et ses interactions avec la mise en œuvre des pratiques agricoles de conservation de l’environnement dans la zone. A partir de 122 ménages sélectionnés dans les six Communes que couvre le plateau Adja, l’analyse des données recueillies permet de dégager que :
i) Les pratiques agricoles de conservation (PAC) et principalement les technologies de jachère améliorée, améliorent la probabilité des ménages pauvres de sortir de la pauvreté et celle des ménages non pauvres de conserver leur niveau de vie.
ii) L’intensité moyenne de la mise en œuvre des PAC des ménages non pauvres est significativement supérieure à celle des ménages pauvres : 0,506 contre 0,282.
iii) La pauvreté sur le plateau Adja est à dominance transitoire (36,9%), mais le taux de pauvreté chronique est aussi élevé et atteint 28,7%. La pauvreté chronique est due à des chocs négatifs occasionnant des dépenses répétées ou affectant la capacité de production du ménage (maladies, décès, déficit de ressources/actifs, normes sociales défavorables, ..). La pauvreté transitoire est plutôt due à des chocs brusques/temporaires réduisant la capacité financière du ménage (non paiement du coton-graines, sécheresse, inondation, …).
iv) La forme de pauvreté dépend : – de la localisation géographique du ménage. Le plus fort taux de pauvreté chronique s’observe dans la Commune de Dogbo (69,57%), suivie de celle de Toviklin (42,86%); – du sexe du chef de ménage. Le taux de pauvreté chronique est plus élevé chez les ménages dirigés par les femmes (47,06%) que chez les ménages dirigés par les hommes (25,71%); – du nombre de champs possédés par le ménage. Le plus fort taux de pauvreté chronique s’observe chez les ménages ayant 2 champs ou moins.
v) L’intensité moyenne de la mise en œuvre des PAC est significativement plus basse chez les ménages pauvres chroniques que chez les ménages pauvres transitoires : 0,367 contre 0,501.
vi) La diminution des indices de pauvreté sur le plateau Adja sur la période 2000-2007 s’est traduite par une augmentation significative de l’incidence de la mise en œuvre des PAC qui est passée de 1,142 ha par ménage en 2000 à 1,505 ha par ménage en 2007. Pour permettre aux producteurs agricoles de développer une agriculture durable dans cette situation de pression foncière, il urge de réduire ou d’éliminer la pauvreté chronique en leur sein en rendant l’agriculture véritablement profitable.
Mots clés : Dynamique de pauvreté, pratiques agricoles de conservation, plateau Adja, Bénin.

 


Importance Socio-économique et Étude de la Variabilité Écologique, Morphologique, Génétique et Biochimique du Baobab (Adansonia digitata L.)

Thèse de Doctorat: 

ASSOGBADJO Achille (2006). Importance Socio-économique et Étude de la Variabilité Écologique, Morphologique, Génétique et Biochimique du Baobab (Adansonia digitata L.). PhD, Université de Ghent, Belgium. 213 pages.

Directeur de thèse: Prof Patrick Van Damme.

 

RESUME: La présente étude a été réalisée dans les trois zones climatiques du Bénin (Afrique de l’Ouest): la zone Guinéenne (6°25 N – 7°30 N), la zone Soudano-Guinéenne (7°30’ N et 9°45’ N) et la zone Soudanienne (9°45 N et 12°25 N). Elle a pour but d’utiliser une approche intégrée pour contribuer à une meilleure conservation et gestion des ressources génétiques du baobab (Adansonia digitata L.) au profit de ses utilisateurs. Ainsi, des enquêtes ethnobotaniques ont été réalisées avec 11 groupes ethniques à travers tout le Bénin et ont essentiellement porté sur les utilisations des produits de baobab, son importance socio-économique et les critères endogènes de caractérisation de ses individus en milieu rural. La diversité écologique et la diversité génétique des populations de l’espèce ont été aussi évaluées suivant les gradients de climat et les stratégies de conservation et de restauration ont été proposées dans les systèmes agroforestiers. Pour aider à la valorisation des produits de baobab au profit d’une meilleure alimentation et nutrition des communautés rurales, il a été également effectué une caractérisation biochimique des organes (feuilles, pulpe et amande) du baobab en fonction de leur zone de provenance. Enfin des tests de propagation ont été effectués pour évaluer l’aptitude de l’espèce à la domestication. Il ressort des travaux que le baobab est une espèce à usage multiple utilisée par les communautés rurales à des fins alimentaires, médicinales, culturelles, cultuelles et économiques. Les caractéristiques des fruits (couleur et taille des graines, précocité de la maturité, productivité des arbres, forme des capsules, goût de la pulpe), de l’écorce (couleur et structure) et des feuilles (couleur, goût et forme) sont des critères qui permettent aux communautés rurales de différencier entre eux les individus de baobab dans les systèmes agroforestiers traditionnels. L’utilisation des critères de différentiation des individus de baobab en milieu rural montre qu’il s’agit d’une espèce ayant un fort degré de signification culturelle. Partant de cela, des Arbres Plus ayant une valeur supérieure pour les communautés rurales ont pu être identifiés et peuvent servir dans la stratégie de conservation et de valorisation des ressources génétiques de l’espèce au profit de ses utilisateurs. Une étude de cas sur le marché de Malanville (Nord-Bénin) pendant une période de 5 mois a montré que 200 tonnes de graines enrobées de pulpe, 10 tonnes de pulpe et 1 tonne environ de poudre de feuilles vertes ont été commercialisées et ont généré respectivement 15 millions de FCFA (US$ 30,000), 400000 FCFA (US $ 800) et 200000FCFA (US $400) aux 139 commerçants impliqués dans la vente de ces différents produits. Il en découle que les produits baobab ont une importance socio-économique et peuvent être valorisés comme aliments fonctionnels pour un mieux être de ses utilisateurs. L’étude a aussi montré que le baobab est distribué à des densités et niveaux de production variables en fonction des zones climatiques. Du point de vue écologique, les corrélations entre variables ont révélé que les zones de fortes valeurs d’évapotranspiration potentielle, d’humidité relative, de température et de pluviométrie ou celles présentant des caractéristiques de sols limoneux ou argileux sont celles dans lesquelles se trouvent des baobabs produisant de petites quantités de graines, de pulpe et d’amandes. Les sols ayant un rapport C/N (carbone / azote) élevé favorisent la production des graines et défavorisent la production de pulpe, d’amande et le bon développement des baobabs. Le développement des baobabs est donc lié à leur adaptation à certains types d’environnement. Par ailleurs, les études génétiques à partir des marqueurs AFLP ont montré un regroupement des individus en 6 pools de gènes. Généralement, des individus échantillonnés dans les mêmes zones climatiques appartiennent à un même pool de gènes indiquant que la diversité génétique des individus de baobab est corrélée avec leur région de provenance. En conséquence, la conservation in situ des ressources génétiques du baobab au Bénin devra consister à définir pour chaque zone climatique des unités de conservation. L’étude sur la caractérisation biochimique des organes du baobab a montré que les organes de baobab sont riches en minéraux et vitamines (pulpe et feuille) mais aussi en lipides et protéines (graines). En dehors de la teneur en vitamine C, la composition biochimique des organes n’a pas varié en fonction des provenances des arbres. Par contre, il a été mis en évidence l’influence des caractéristiques physico-chimiques des sols sur les différentes teneurs en éléments nutritifs des organes de baobab. Les sols basiques (pH élevé) riches en carbone, argile, limon fin et matière organique, favorisent une accumulation de fer, potassium, vitamine C, glucide, zinc, protéines et lipides dans les feuilles, pulpe et graines du baobab et défavorisent pour ces mêmes organes l’accumulation du magnésium, du calcium, de la vitamine A et des fibres. Par contre, les sols à forte teneur de limons grossiers ou de sable ont un effet contraire sur ces mêmes paramètres biochimiques des organes. Enfin, des tests de propagation ont montré d’une façon générale que les pourcentages moyens de germination les plus élevés ont été obtenus avec les graines scarifiées avant semis. De plus, il a été montré qu’une durée de conservation de plus de 3 mois des graines de baobab à la température ambiante quelle que soit leur provenance a eu un impact négatif sur leur germination. En se basant sur les résultats obtenus, des stratégies de valorisation, domestication et de conservation des ressources génétiques du baobab ont été analysées pour une meilleure vie de ses utilisateurs.

Mots clés: Adansonia digitata, diversité génétique, ethnobotanique, conservation, domestication, valorisation.

 


Biodiversité, priorisation et impacts des changements climatiques futurs potentiels sur les espèces végétales utilitaires aux populations riveraines des forêts sous gestion de l’Office National du Bois du Bénin

Mémoire de Master:

Donalde Dolorès DEGUENON (2017). Biodiversité, priorisation et impacts des changements climatiques futurs potentiels sur les espèces végétales utilitaires aux populations riveraines des forêts sous gestion de l’Office National du Bois du Bénin. Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi. Benin, 48p.

Superviseurs: Prof ASSOGBADJO Achille and Dr IDOHOU Rodrigue

 

Résumé du Mémoire de Master: La diversité des ressources forestières est menacée sous sa forme actuelle d’exploitation par les communautés rurales. Afin de contribuer à la conservation durable de ces ressources dans un contexte de changement climatique et de poussée démographique, le présent travail vise à : (i) évaluer la diversité des espèces végétales utilitaires aux populations riveraines des 11 forêts classées sous gestion de l’Office National du Bois du Bénin, (ii) identifier les espèces prioritaires pour la conservation  et enfin, (iii) évaluer l’impact des changements climatiques sur la dynamique des habitats favorables aux dites espèces. Des entretiens semi-structurés ont été menés auprès de 385 riverains de ces forêts. De plus, unesynthèse bibliographique a été réalisée sur les espèces de ces forêts afin de vérifier la fiabilité des informations obtenues.Les données recueillies ont essentiellement porté sur la biodiversité végétale ; les points d’occurrence des espèces prioritaires relevés sur le terrain au Bénin, ont été complétés par ceux issus de la littérature et du site électronique de GBIF (Global Biodiversity Facility). Les paramètres écologiques des habitats tels que le nombre de genre et d’espèce en fonction des familles ont été calculés. Par ailleurs, la méthode de priorisation utilisant 4 approches et 8 critères a permis de ressortir les espèces prioritaires pour la conservation. Puis, l’approche d’entropie maximale a été utilisée pour la modélisation de la niche écologique des espèces prioritaires identifiées. Aussi, des cartes de distribution actuelle et future (à l’horizon 2050) de ces dernières ont été réalisées avec les logiciels QGIS et ArcGIS. Les résultats de cette étude ont globalement révélé l’existence de (97) espèces utilitaires réparties en 33 familles et 76 genres dans les secteurs forestiers. Les espèces prioritaires à la conservation sont : Khaya senegalensis, Afzelia Africana, Khaya grandifoliola, Pterocarpus erinaceus, Anogeissus leiocarpa, Milicia excelsa, Albizia zygia, Vitex doniana, Antidesma laciniatum, Bombax costatum. La modélisation de leur niche écologique a fondamentalement révélé la conversion de certains habitats actuellement peu favorables en des habitats très favorables à la conservation (c’est le cas de Khaya grandifoliola, Khaya senegalensis et Vitex doniana) et l’extension de certains habitats peu favorables à la conservation (Anogeissus  leiocarpa, Bombax costatum, et Pterocarpus erinaceus) d’ici l’horizon 2050. Cette étude offre un appui scientifique à une planification et constitue un outil d’aide à la décision pour la conservation de ces espèces sur le plan socio-économique. Par ailleurs, il serait important d’étudier les limites de tolérance à l’eau et à la température de chacune de ces espèces pour des stratégies plus durables de leur gestion.

Mots clés espèce utilitaire, niche écologique, forêts classées, changement climatique, priorisation.

 


Bowalization, son impact sur la biodiversité, le sol et les moyens de subsistance des populations au Bénin (Afrique de l’Ouest)

Thèse de Doctorat:

Elie Padonou (2015). Bowalization, son impact sur la biodiversité, le sol et les moyens de
subsistance des populations au Bénin (Afrique de l’Ouest). 2015. Thèse de doctorat, Faculté des sciences agronomiques, Université d’Abomey-Calavi, République du Bénin, 172 pages.


Promoteur: Prof. Ir. Brice SINSIN.

 

Résumé: La désertification et la dégradation des terres constituent des problèmes mondiaux qui affectent les sols, la végétation et la vie des populations rurales. Le bowal (pluriel bowé) est une forme particulière de terres dégradées qui apparaît dans les régions tropicales. C’est le résultat de l’exposition des cuirasses latéritiques due à l’érosion du sol. Peu de recherches ont abordé cette forme spécifique de terres dégradées.

Le présent travail vise à accroître la compréhension sur la façon dont la bowalization affecte la biodiversité, le sol et les moyens de subsistance des populations. Les principaux objectifs étaient (i) d’analyser les indicateurs spatiaux des bowé; (ii) analyser les relations de cause à effets pour évaluer les changements passés et futurs dans le mode de répartition des espèces sélectionnées et la diversité végétale sur les bowé et (iii) d’évaluer le risque lié aux conséquences de l’utilisation des terres sur la bowalization. Neuf chapitres composent cette présente étude.

Le chapitre 1 est une introduction et établit la justification et les objectifs de la thèse.

Le chapitre 2 décrit la zone d’étude qui a couvert l’ensemble du pays (la République du Bénin).

Le chapitre 3 a porté sur la perception des agriculteurs sur la bowalization et les stratégies d’adaptation. Cela a été fait au moyen d’interviews semi-structurées et des questionnaires avec 279 ménages de neuf groupes ethniques dans la zone semi-aride (Peulh, Bariba, Dendi, Nagot et Mocolé) et la zone subhumide (Fon, Mahi, Holli et Adja) du Bénin. Le test Chi-carré  de Pearson et l’analyse factorielle des correspondances simples ont été réalisés pour analyser les perceptions des populations sur les causes, les conséquences et les stratégies d’adaptation sur les bowé dans les deux zones climatiques. La bowalizationa été signalée être induite par l’utilisation non adaptée des terres et l’érosion des sols. La bowalizationconduit à la perte de la biodiversité dans les deux zones climatiques et induit la réduction de la capacité de rétention en eau des sols. Il a également induit des difficultés d’enracinement des cultures et l’augmentation de la température du sol. Les agriculteurs de la zone semi-aride ont adopté la plantation du niébé et de l’arachide sur les bowé avec la houe au lieu et place de la traction animale. Les groupes ethniques des deux zones climatiques qui dépendent principalement de l’élevage du bétail ont pratiqué la transhumance et utilisé des compléments alimentaires pour les animaux.

Le chapitre 4 a déterminé la répartition spatiale des bowé et les différences dans les caractéristiques physico-chimiques des soils entre bowé et forêts claires. Les sites des bowé ont été cartographiés et des échantillons de sol ont été prélevés sur les bowé et dans  les forêts claires. Les résultats indiquent que les bowé sont directement liés aux sols ferrugineux et au régime de précipitation. Les bowé ont des valeurs de conductivité électrique, de matière organique, de phosphore assimilable, de limon et d’azote total significativement plus faibles que les sols forestiers, tandis que le potassium échangeable est plus élevé sur les bowé. Les bowé peuvent apparaître là où le sol est ferrugineux dans un régime de précipitation uni-modale.

Le chapitre 5 a porté sur l’impact de la bowalization sur la phytodiversité, les formes de vie et la morphologie des plantes dans la zone subhumide du Bénin en considérant Combretum nigricans comme une étude de cas. Les variables morphologiques de C. nigricans (hauteur, nombre de tiges, nombre de branches, diamètre à hauteur d’homme, et diamètre de la couronne) ainsi que les communautés végétales ont été déterminées sur les sols sablo-argileux, les sols concrétionnés et les bowé. Les résultats ont montré que les communautés végétales sont plus diversifiées sur les sols sablo-argileux et concrétionnés que sur les bowéC. nigricans a développé plus de tiges (3,6 ± 1,4 vs 1,3 ± tiges 0,4 tiges), plus de branches (5,9 ± 2,4 vs 3,2 ± branches 0,6 branches) et de grand diamètre de la couronne (5 ± 1,48 m contre 3,4 ± 1,2 m) sur les bowé que sur les sols sablo-argileux. Les formes de vie les mieux adaptées sur les bowé sont les thérophytes.

Dans le chapitre 6, les questions suivantes ont été abordées: quelles sont les caractéristiques de la végétation sur les bowé? Comment varie les types de végétation sur les bowé? Quelles sont les espèces, les formes de vie, les types chorologiques et les familles de plantes qui caractérisent les bowé? Quelles sont les espèces, les formes de vie, les types chorologiques et les familles de plantes qui sont affectés par l’extension des bowé? Cette étude a révélé que les bowé sont caractérisés par des prairies et des savanes. La composition des espèces sur les bowé varie en fonction des zones climatiques. Les espèces ligneuses sont plus fréquentes sur les bowé dans la zone subhumide que dans la zone semi-aride. Les géophytes, hémicryptophytes et phanérophytes ont été plus fréquentes sur les bowé dans la zone subhumide que dans la zone semi-aride. La différence entre les deux zones climatiques par rapport à l’occurrence des thérophytes sur les bowé n’est pas significative. La fréquence des chamaephytes était plus élevée sur les sites des bowé dans la zone semi-aride. Les types chorologiques Afro-tropical, afro-malgache, Pluri régionales africaines et pantropicale ont été plus fréquentes sur les bowé que dans les forêts claires dans chaque zone climatique alors que l’inverse a été observée pour les types chorologiques guinéo-congolais et soudano-zambéziens. Les familles de plantes telles que Amaranthaceae, Zingiberaceae, Chrysobalanaceae, Connaraceae, Loganiaceae, Moraceae et Ochnaceae ont été trouvés seulement sur les bowé dans la zone subhumide, tandis que les Convolvulaceae, Loganiaceae, Rhamnaceae, Araceae, Colchicaceae, Cucurbitacées, Olacaceae, Pedaliaceae, Amaranthaceae, et Cyperaceae ont été seulement trouvé sur les bowé dans la zone semi-aride.

Le chapitre 7 a identifié les espèces résistantes aux changements climatique pour la restauration écologique des bowé en soumettant les espèces les plus communes aux bowé avec des variables importantes de l’environnement (l’élévation, les variables bioclimatiques actuelles, et les types de sol) au programme de modélisation de niche écologique (Maxent, Domain and GARP) . Les données climatiques IPCC4/CIAT et IPCC5/CMIP5 ont été appliquées pour les prévisions futures (2050). Asparagus africanusAndropogon pseudapricus et Combretum nigricans ont été identifiés comme les espèces les plus résistantes pour la restauration écologique des bowé dans la zone semi-aride tandis que Asparagus africanusDetarium microcarpum et Lannea microcarpa sont les plus appropriées pour la restauration écologique des bowé dans la zone subhumide.

Les questions suivantes ont été abordées dans le chapitre 8: Comment les modes d’occupation des terres changent avec la bowalization? Quels sont les facteurs qui régissent la modification du couvert végétal et la bowalization? Y a-t-il des preuves d’occurrence des bowé en raison des pratiques agricoles? Combien d’année d’utilisation des terres occasionnent l’apparition des bowé? Quel serait l’extension des bowé dans le futur? L’analyse des changements d’occupation et d’utilisation des terres a été utilisée pour répondre à ces questions en s’appuyant sur les cartes d’occupation des terres de 1975, 1990 et 2010 de la commune de Banikoara. La chaine de Markov a été utilisée pour les prédictions à l’horizon 2050. Les résultats ont montré des changements considérables dans les modes d’occupation des terres avec les cartes des trois périodes (1975, 1990 et 2010). Le type d’occupation des terres sur lequel les bowé sont observés (terres agricoles et savane dégradée) a persisté, et augmenté avec un taux de 0,0542 ha/an, à 0,0952 ha/an au cours des périodes 1975-1990, 1990-2010; tandis que la végétation naturelle (forêts denses, forêts claires et savanes arborées) a diminué au même rythme. Les scénarios prévoient également la même tendance. Un total de 26% (1286346 ha) et 31% (1293693 ha) de la couverture de la végétation naturelle serait convertie en terres agricoles et savane dégradée vers 2050, si nous supposons la dynamique enregistrée respectivement pendant les périodes 1975-1990 et 1990-2010. Ainsi la bowalization persisterait et augmenterait à l’horizon 2050. Le chapitre 9 a synthétisé les résultats de cette recherche, les nouveaux domaines de recherche identifiés et a fait des recommandations d’aménagement. La bowalization est le résultat de l’exposition des cuirasses latéritiques en raison de l’utilisation non adaptées des terres et l’érosion des sols là où existent les sols ferrugineux dans un régime de précipitation uni-modale. Les facteurs importants qui occasionnent la bowalization ont été évalués dans cette étude sur la base du sol, la géomorphologie, le climat et les modes d’utilisation des terres. Cependant, d’autres indicateurs spatiaux comme les types de roche-mères peuvent également être utilisés. Les bowé sont également couverts par un certain nombre de termitières. Jusqu’à présent, les types de termitières sur les bowé et leur rôle ne sont pas encore clairement établis. Les bowé ont montré des valeurs significativement plus faibles de conductivité électrique, de matière organique, de phosphore assimilable, de limon et d’azote total par rapport aux sols forestiers, tandis que leur potassium échangeable est plus élevé. La connaissance de la dépendance des caractéristiques physiques et chimiques des sols développés sur les bowé et les différents types de roches mères permettrait d’accroître la compréhension des facteurs favorisant la bowalization. L’identification des facteurs les plus importants favorisant la bowalization à l’échelle régionale permettrait de lutter contre ce phénomène.

La bowalization a induit la perte d’espèces et a modifié la structure morphologique de C. nigricans. Les caractéristiques de la végétation sur les bowé sont les prairies et les savanes dominées des types chorologiques afro-malgaches, afro-tropicales, Pluri régionales africaines et Pan tropicales et les thérophytes comme formes de vie. Certaines espèces sont appropriées pour la restauration écologique des bowé. Elles sont : Asparagus africanusAndropogon pseudapricus et Combretum nigricans dans la zone semi-aride ; Asparagus africanusDetarium microcarpum et Lannea microcarpa dans la zone subhumide. L’utilisation d’autres caractéristiques fonctionnelles (les caractéristiques végétatives, des feuilles, des tiges et de la régénération) permettraient d’accroître notre compréhension de l’impact de la bowalization sur la diversité végétale. En outre, la quantification des impacts de la bowalization sur la production agricole est nécessaire. Des stratégies d’adaptation ont été élaborées par certains agriculteurs afin de réduire l’impact de la bowalization. Ces stratégies doivent être testées afin de déterminer les meilleures pouvant être promues. Il serait également utile d’examiner les indicateurs environnementaux associés aux sols et à la botanique en considérant de vastes ensembles de données à l’échelle régionale pour prévoir  et analyser les aires de répartition des espèces de plantes ainsi que la diversité végétale en relation avec les principaux facteurs de bowalization.

Le modèle markovien utilisé dans cette étude a montré que la bowalization a persisté et a augmenté au cours de la période considérée (1975, 1990 et 2010), au moment où les formations végétales naturelles (forêt dense, forêt claire et savane) ont diminué. La même tendance va prévaloir également vers 2050 si nous supposons les dynamiques enregistrées pour les périodes considérées. Cependant, le modèle n’est pas spatialement explicite et suppose que les probabilités de transition sont homogènes dans le temps. Des modèles explicites, plus détaillés et spatiaux sur l’utilisation des terres et les types d’occupations du sol peuvent être utilisés dans l’avenir pour améliorer la compréhension de l’impact de la dynamique des changements des modes d’occupation et d’utilisation des terres sur la bowalization. En outre, ce modèle n’a pas pris en compte la relation entre l’apparition des bowé et les processus d’érosion. En utilisant l’équation universelle de perte de sol avec les SIG, on peut améliorer la compréhension de la relation entre l’érosion des sols et la bowalization. La bowalization a été évaluée indirectement dans cette étude sur la base des modes d’occupation des terres tels que les terres agricoles et les savanes dégradées où elle apparait le plus. Cependant toutes les terres agricoles et les savanes dégradées ne sont pas couvertes par les bowé.Il n’était donc pas possible de quantifier et de prévoir la couverture exacte des bowé. La limite observée avec la méthode utilisée dans cette étude devrait être prise en compte pour d’autres études similaires. Des recherches futures sont nécessaires afin d’améliorer la compréhension de la bowalization et de ses impacts.